Le roman de Naguib Mahfouz, publié en arabe en 1985, ayant pour titre Al-A'ich fil-haqiqua (Le vivant dans la vérité), traduit en français par France Meyer. La traduction dont le nom "Akhénaton le renégat" est premièrement publiée par l'Association Alif en 1991, ensuite par les Éditions Denoël en 1998. L'action se passe vers 1300 av. J.-C., à Thèbes où nous voyons Méri Moun, jeune égyptien obsédé par la mémoire d'Akhénaton. Il se lance à rechercher la vérité de ce pharaon énigmatique qui a audacieusement déclaré le monothéisme, tenu Aton pour dieu unique. Ce souverain qui "avait déchiqueté patrimoine et tradition et défié les prêtres et le destin." Tel un enquêteur, Méri Moun interroge alternativement les adeptes et les adversaires de cet homme qu'on appelle l'hérétique au temps de Toutankhamon. Parmi ces témoins, nous pouvons citer le grand prêtre d'Amon, Horemheb le chef des armées, Aÿ le précepteur d'Akhénaton, sa femme Tiÿ et sa fille, la séduisante Néfertiti, retirée dans son palais à Akhétaton. Contrairement à ses ancêtres qui vivaient à Thèbes, le pharaon a fondé cette ville fantôme afin d'y rester jusqu'au bout. Petit à petit l'enquêteur réussit à ressusciter les troubles qu'a provoqués Akhénaton en invitant son peuple au culte solaire.
Quant à Akhenaton ou Le dieu maudit de Gilbert Sinoué, c'est un ouvrage basé sur des lettres échangées entre deux épistoliers, Anoukis et Keper. Cet échange est interrompu par Philippe Lucas et Judith Faber, ces deux égyptologues qui examinent les lettres afin d'en vérifier l'authenticité. A travers leurs discussions permanentes, ils nous font remonter facilement à l'Egypte ancienne. Loin d'être une biographie d'Akhénaton, ce roman vise à présenter un panorama de la période amarnienne. Nous y voyons des personnages célèbres tels Amenhotep III et sa femme la reine Tiyi, l'énigmatique Kya sans oublier Néfertiti et ses filles.
Sinoué commence son roman en citant un exergue emprunté à Roland Barthes: "Égaliser, démocratiser, massifier, tous ces efforts ne parviennent pas à expulser "la plus petite différence", germe de l'intolérance raciale." Cet exergue explique la motivation de l'auteur qui a écrit son roman, à la recherche de la tolérance. Aussi l'aide-t-il à préparer son lecteur au récit qu'il va narrer. Ceci paraît nettement dans l'avant-propos où Sinoué montre au lecteur l'importance de la période amarnienne et l'ambiguïté d'Akhénaton. Pour comprendre celle-ci, il a compté sur "Marc Gabolde", annonçant sa méthode adoptée: "Le seul travail que j'ai tenté d'accomplir a consisté à trouver la juste mesure afin que l'apport d'imaginaire ne fût pas un mensonge vrai ou une vérité mensongère."C'est ce qu'il a réaffirmé lors de sa visite en Égypte en 2016. Il a dit: "Pour faire un travail d'historien, il faut prendre un recul, il faut regarder les choses avec une distance, objectivement."
L'Égypte ancienne est à la base des deux ouvrages qui fourmillent d'événements historiques et qui nous emmènent au règne d'Akhénaton. Ils appartiennent non seulement au genre romanesque qui "est aujourd'hui la forme littéraire dominante", mais aussi au roman historique, basé sur les connaissances et les témoignages. La notion de ce dernier est expliquée par Claudie Bernard qui dit: "L'action du roman historique combine normalement un cadre et une situation authentiques, avec ou non l'apparition de personnalités célèbres, et un scénario et des protagonistes fictifs; elle mêle adroitement et sauf pour l'expert, indiscernablement les traits inventés aux traits attestés, les figures imaginaires aux figures culturellement identifiables, le révolu au rêvé."